On repart par la fameuse piste 21. Tout le monde nous dit qu'elle n'est pas bonne à cause du temps mais on a quand même envie d'essayer. Au bout de 4 km, effectivement, on est bloqué... On revient sur nos pas et on dort près de baraquements de chantiers après avoir demandé l'autorisation aux ouvriers. Ils sont surpris mais très heureux de nous accueillir.

Un homme se pointe. Il nous propose de nous montrer son bout de paradis. Selon lui, à quelques minutes de là, il y a le plus beau point de vue du fleuve Parana des environs. On se laisse tenter et on s'engage avec lui sur le chemin tout boueux. Nous nous retrouvons rapidement avec trois kilos de « tierra colorada » collée aux chaussures. Et bien évidemment, les enfants jouent à celui qui trouvera les passages les plus dégueux. Le bougre que nous suivons est équipé de grosses bottes en plastique. Malin lui!

Nous rencontrons un homme parlant couramment allemand. C'est une particularité de ce continent: il s'est peuplé de gens venus des quatre coins d'Europe et du monde. Il n'est donc pas rare de croiser des petits blonds aux yeux bleus et à la peau très blanche ou d'entendre parler allemand dans la supérette d'un village. Surprenant mais il faut croire que certaines personnes restent profondément attachées à leurs origines même s'ils n'ont jamais mis les pieds dans le pays de leurs ancêtres. Bizarre mais très commun ici.

Nous arrivons chez « smitou ». La vue est effectivement très belle et le fleuve impétueux en cette saison est effrayant. Il nous raconte qu'il boit son maté tranquillement avec sa femme face au fleuve et paraît très heureux dans sa petite cahute au milieu de nulle part. Il est juste à côté de l'école car sa femme y enseigne: 18 élèves en tout. Il nous propose de la visiter. Elle est très rudimentaire. A l'image des maisons du coin, c'est une cabane. Elle est chauffée à l'aide d'un gros poele et ils ont l'électricité grâce à des panneaux solaires. Les parents se relaient pour les goûters et le bois. Ils offrent des poules de temps en temps à la maîtresse. Je reste un peu scotchée face aux difficultés de la collègue mais son mari m'annonce qu'elle travaille ici depuis plus de 10 ans, qu'elle s'y plait et qu'elle ne souhaite pas changer. On aurait peut-être pu s'installer ici pour travailler sur le projet d'échange entre écoles, mais je ne me voyais pas séjourner plusieurs jours dans la boue, sous la pluie, sans le moindre confort. Fine bouche peut-être mais j'assume.

Nous revenons sur nos pas et faisons manger les enfants au chaud dans le camping-car d'Emilie et Bertrand. Nous ne sortons que lorsque tous les bouts sont couchés pour rejoindre les ouvriers sous leur cabane, autour du feu. La chaleur du foyer est la bienvenue et nous entamons la discussion. Il sont paragayens et travaillent quand ils peuvent en Argentine car les salaires y sont un petit peu plus élevés. Les conditions de vie au Paraguay sont apparemment plus difficiles qu'ici. L'Etat se désengage de tout. Ils nous avouent comme un secret de polichinelle que les aides internationales ne sont pas utilisées mais détournées. Ces hommes semblent passer beaucoup de temps à boire de l'alcool...

Le lendemain, nous retentons la piste 21 par un autre morceau. Nous avançons tranquillement et traversons quelques passages bien boueux mais les voitures passent et tracent leur route comme il se doit. Nous sommes au milieu de la forêt. La végétation est complètement sauvage mais les seuls véhicules que nous croisons sont des....camions de débardage. Nous sommes à l'orée de la réserve Yaboti et l'exploitation du bois est continue... Nous mangeons et dormons sur la piste, au milieu de la forêt ce qui nous vaut quelques bonnes piqures de mouchettes minuscules mais bien vaillantes.

Nous arrivons à San Pedro et continuons à avancer sur le goudron. Cette région est splendide et paisible. Nous faisons le plein de courses, d'argent, de gasoil, de glaces, d'aires de jeux pour enfants avant de repartir.

Par une autre piste nous arrivons au « Parque provincial Cruce Caballero ». Eh oui! Encore un! L'arrivée est surprenante car l'entretien des sols (pelouse tondue) tranche dès l'entrée avec le reste de la végétation. En arrivant, nous sommes accueillis par deux gardes parcs femmes. Il y en a quelques une! Nous comprenons mieux pourquoi les lieux sont si bien entretenus... Elles nous donnent l'accès à la douche; aux sanitaires au robinet... Le grand luxe quoi!

Nous passons la matinée entière du lendemain à laver le linge. C'est fastidieux mais nous avons de l'eau, du soleil et des fils. Nous en profitons pour faire au moins les chaussettes et les culottes. Et rien que ça, même avec notre machine à laver dernier cri (un bidon étanche), c'est un boulot dingue! Comment faisaient-elles avant?

Certains vont se balader dans le parc et reviennent peu de temps après sans Yan et Bertrand qui ont décidé de poursuivre la découverte seuls. Les filles du parc partagent le repas du midi avec nous et je passe l'après midi avec Emilie. Nous occupons les enfants mais nous sommes accablés par la chaleur et nous nous faisons massacrés par les mbariguy. Ces petites mouchettes sont coriaces (même avec le répulsif) et nous gâchent le plaisir de glander sur la natte marocaine. Les enfants se font quand même offrir une balade à moto avec une garde parc. Ils sont fiers et tout contents!

Les hommes ne sont toujours pas revenus en fin d'après midi et ils sont partis sans eau. Vu la chaleur, nous commençons à nous inquiéter et demandons l'aide des gardes pour avoir des infos sur la meilleure chance de les retrouver dans cette forêt. Emilie part à leur recherche avec Lise et Leia tandis que je reste avec Eloi et Emile. Les gardes parcs partent également à leur recherche de leur côté. Ils finissent par rentrer tous ensemble. Les hommes se sont tout simplement perdus. Ils ont joué aux aventuriers mais sont affamés et assoiffés. Nouvelle balade le lendemain pendant laquelle je découvre des fougères géantes au milieu des araucarias. Certains arbres sont énormes. J'apprendrai plus tard que les initiés appellent cette forêt Jurassic parc. La végétation est très belle et nous nous régalons.

Nous ne pouvons pas rester car les mouchettes nous mènent la vie trop dure. Leia est piquée de partout et se gratte à sang. Ces piqures sont affreuses car les démangeaisons persistent pendant plusieurs jours et sont tellement vivaces qu'elles nous réveillent la nuit. Nous nous soulageons comme nous pouvons: éosine pour assécher, bouteille d'eau froide et primalan.

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Octobre 2009 : De Mocona à Cruce Caballero

 
   


Passage delicat !

 

Pause dejeuner sur la piste
 

La "21"
 

Araucarias
 

Couché de soleil

 


La Forêt primaire
 
   

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